Le principal et le plus dangereux prédateur de l'abeille est L'APICULTEUR lui même.
Il faut bien vous dire qu'une méthode de conduite des ruches et comportant des anomalies, cas très
fréquent de nos jours, peut très bien fonctionner longtemps jusqu'au jour ou des problèmes externes
surviennent comme par exemple parmi d'autres : l'arrivée du Varroa ; le changement climatique et
environnemental qui n'est plus régulier et se modifie, depuis une vingtaine d'années, à la vitesse VV'
alors, bien souvent, on cherche les problèmes ailleurs alors qu'il sont devant nous.
La ruche
L'abeille s'organise en fonction du climat sous lequel elle doit survivre. Suivant la latitude, l'abeille construira ses
rayons d'une manière différente. Pour prendre un exemple, plus il fait chaud, plus l'abeille espace ses rayons. En
Belgique, les multiples contrôles sur des essaims naturels ont montré qu'elle construit des rayons espacés de 32 à
34 mm d'axe en axe.
L'apiculteur devrait donc respecter cette façon de procéder. N'oublions pas que, lorsque les premières ruches à
cadres mobiles ont été construites, il n'y avait pas tous les problèmes que nous rencontrons aujourd'hui,
notamment celui qui nous concerne le plus, le VARROA. En Belgique on préconise souvent la construction des
ruches suivant un multiple de 37,5 à 38 mm soit 3 à 4 mm de trop entre les rayons. De nombreuses ruches
vendues dans le commerce font 38 mm d'axe en axe et sont non conforme à la réalité.
Pourquoi 37,5 à 38 mm ? cela provient d'un raisonnement complètement absurde qui part du principe que
dans l'espace qui sépare deux cadres (ruelle) il y a des abeilles qui s'occupent du couvain de droite et
d'autres du couvain de gauche donc, deux abeilles dos à dos, ajouter à cela l'épaisseur du cadre (2 X
1/2 cadre) = 37,5 mm à 38 mm. L'erreur vient de ce raisonnement alors qu'un espace égal à une abeille,
comme dans la nature, est suffisant pour entretenir le couvain des deux faces. Malheureusement, cette
théorie est encore enseignée aujourd'hui dans nos ruchers écoles. Qui plus est, dans ce cas, il faut aussi plus
d'abeilles pour maintenir la température. Qui dit plus d'abeilles dit aussi plus de varroas susceptible de pénétrer
dans les cellules pour se reproduire. Nous savons que les varroas se trouvant sur les abeilles en dehors de la
grappe ne tiennent pas longtemps, ce sont ceux_là qu'on retrouve sur les tiroirs. Réduisons donc l'espace entre
cadres vers une valeur plus réaliste et nous diminuerons la prolifération des varroas.
Sous notre latitude, les ruches les plus conformes à la réalité sont les ruches allemandes construites
suivant un multiple de 35 mm (cadre Hoffman). L'apiculteur devrait, autant que possible, éviter
d'acheter des ruches provenant de pays chauds ou l'on construit des ruches avec cadres plus espacés
par ex.: suivant un multiple de 38,5 à 39 mm comme en Italie.
Voici ci-dessous un exemple de ré agencement d'une ruche construite au départ suivant un multiple de
38 mm.
Conduite
1 - Après la dernière récolte et avant le nourrissement hivernal, réduction des colonies Dadants sur 7 ou 8 cadres
maximum. En effet, en Belgique, aucune abeille, indigène ; hybride ou autres, ne nécessite plus de 8 cadres en
Dadant pour hiverner.
La quantité d'abeilles ainsi que le nombre de ruelles occupées par la colonie après la dernière récolte
n'est pas un critère de décision en faveur de la réduction ou non, la moitié des abeilles présentes
seront mortes bien avant l'hiver.
Des colonies principalement des Dadants qui ont hiverné sur 10 et 12 cadres sont parfois retrouvées mortes avec
des provisions en suffisance, c'est parce que la colonie étant limitée en hauteur, stocke les provisions dans les
cadres latéraux, à gauche et à droite et très peu dans le haut. Lorsqu'elle consomme, la grappe se déplace dans
une seule direction, soit à droite ou à gauche. Lorsqu'elle est arivée en fin de course contre paroi, elle est obligée
de se déplacer vers les provisions se trouvant à l'opposé en traversant une barrière de froid. Suivant les
conditions météo, si la température est très basse, elle n'y arrive pas et reste figée par le froid.
2 - Réagencement intérieur des ruches avec cadres à une distance plus conforme à la réalité cad de 32 à 34 mm
d'axe en axe (35 mm en Hoffman). Montage sur glissière avec partition finale. Cette façon de procéder facilite
aussi la visite des colonies.
3 - Largeur des cadres 25 mm. Des cadres plus larges donnent des cellules plus profondes, donc de plus grand
volume favorisant la reproduction des varroas. Dans une construction naturelle, les cellules ont 12 mm de
profondeur voir : géométrie de la cellule. Par contre, des cadres plus larges (29 à 30 mm) peuvent s'avérer
parfois très intéressants mais uniquement pour les hausses à miel.
4 - Plus de cire dans le couvain quelque soit la saison, même si cela se pratique couramment et fonctionne très
bien, ce n'est de toute façon pas normal pour la colonie et aucune preuve du bien fondé de cette technique ne
peut être fournie.
5 - Privilégier des cires avec un nombre de cellules se rapprochant le plus possible d'une construction naturelle.
Les cires commerciales rencontrées en Belgique varient de 750 à 780 cellules/dm2, alors que les constructions
naturelles dépassent les 830 cellules/dm2 pour atteindre parfois 850. Voir : géométrie de la cellule
6 - Le nombre de visite devrait se limiter au strict minimum nécessaire : agrandissement, placement et retrait des
hausses. Eviter de visiter les ruches chaque semaine en période d'essaimage, uniquement les colonies à
problèmes.
Privilégier la lecture au trou d'envol, tout apiculteur averti doit comprendre ce qui se passe à l'intérieur de la ruche
en observant le trou d'envol, plus souvent on ouvre la ruche, plus on favorise aussi la reproduction des varroas.
7 - La première visite des ruches devrait absolument correspondre avec la possibilité de placer les premières cires
de la saison, chez nous cela correspond vers la mi-fin mars suivant la variété d'abeille cultivée. Il est, sauf absolue
nécessité, très néfaste de visiter les ruches plus tôt.
8 - Un point des plus important concerne la visite, pour ne jamais contrarier la grappe d'abeilles ni déranger le
couvain, il faut toujours visiter les ruches en commençant du même coté, c'est la seule méthode logique.
9 - Eviter les abeilles qui ne propolisent pas. Ne nous transformons pas en fossoyeur de l'apiculture, la propolis est
l'agent hygiénique de la colonie et est essentiel à la survie de l'espèce. A terme, une colonie qui ne propolise pas
et livrée à elle même est destinée à disparaître. Trop de propolis ne facilite bien sur pas le travail de l'apiculteur qui
veut garder les mains propres, un juste milieu doit être respecté mais trop peu de propolis peut être très néfaste
pour la santé de la colonie.
10 - Nourrissement terminé au plus tard fin aout, avec une quantité permettant de ne pas devoir nourrir en début
d'année. Après le 15 aout, les colonies s'organisent déjà pour hiverner, un nourrissement donné trop tardivement
perturbe la grappe hivernale, affaiblit les abeilles et favorise l'apparition des maladies dont notamment la
nosémose.
11 - Eviter autant que possible l'usage du plateau grillagé. Si celui-ci permet de contrôler efficacement les
infestations par varroa, il peut occasionner, dans certains cas, mais pas toujours, de graves problèmes.
Il faut aussi savoir qu'avant l'arrivée du Varroa, il était très facile pour tout apiculteur curieux, de voir les colonies
qui étaient ou non hygiéniques, car le plateau grillagé n'existait pas. Les colonies qui s'efforçaient toujours de
maintenir le plancher de la ruche en parfait état de propreté étaient considérées hygiéniques. Avec l'arrivée du
plateau grillagé, cela est devenu plus difficile, voire impossible pour l'apiculteur et la colonie, au fil des ans, perd
l'habitude du nettoyage, caractère des plus importants pour la survie d'une colonie. Voir : comportement
hygiénique.
Avec le plateau grillagé pour reconnaître les colonies hygiéniques il faut aujourd'hui user d'autres méthodes. Voir :
abeilles hygiéniques
12 - Eviter autant que possible d'hiverner sans fond (tirroir enlevé), il faut éviter de généraliser aveuglément quand
une nouvelle théorie est proposée, cela peut fonctionner à certains endroits mais pas forcément partout surtout si
les ruches ne sont pas protégées des vents dominants. Ce n'est de toute façon pas conforme à la nature et
personne ne peut affirmer quelque soit la situation, que cela ne provoque pas d'inconvénients aux abeilles.
Il y a de nombreuses années, bien avant le varroa, l'aération, vers l'arrière, du plateau à fond plein avait déja été
préconisée et avait dû être abandonnée, car les abeilles étaient dérangées non pas par le froid, mais par le
sifflement dû au vent. Ce qui est encore, suivant l'emplacement du rucher, le cas si le tiroir d'un plateau grillagé est
ôté pour l'hiver. Le sifflement est provoqué par les mailles du treillis.
Remarque :
Aujourd'hui, la science étudie la possibilité d'obtenir des abeilles plus tolérantes au varroa. C’est une bonne chose
mais il faut être conscient que cette abeille ne rendra service qu'à un nombre restreint d'apiculteurs, jamais pour
l'apiculture en général.
En parallèle à cette recherche, il est surtout très intéressant de se poser la question : somme nous responsable
des nombreux problèmes connus aujourd'hui ? OUI en grande partie à cause des méthodes de conduites des
ruches, c'est pourquoi il est nécessaire de rectifier nos erreurs et nous efforcer à pratiquer une apiculture
respectueuse pour l'abeille et sa façon de s'organiser, ce n'est malheureusement pas le cas.
Respectons l'abeille, dans le cas contraire on obtient uniquement ce que l'on mérite mais c'est dommage non pas
pour l'apiculteur mais pour l'abeille.
Rédaction & photo : Bernard LECLERCQ