Phéromones
feRómón] n. f. Physiol. Substance chimique sécrétée par un organisme et qui, perçue ou reçue par un autre
organisme de la même espèce, provoque chez celui-ci une réaction spécifique ou un processus biologique évolutif. -
REM. On a dit aussi phéro-hormone et on trouve aussi phérormone. Phéromone sexuelle, phéromone de marquage
territorial, de défense. Des phéromones ont été identifiées chez des algues (gamètes), chez des insectes, des
poissons, des mammifères, mais aucune chez les oiseaux.
DÉR. Phéromonal.
Étrymologie : 1969; angl. pheromone, P. Karlson, 1960; du grec pherein «porter, transporter», et (hor)mone
Les substances sémiochimiques
Les composés organiques, volatils, qui provoquent des réactions chez les individus, par voie externe, sont
globalement appelés "Substances sémiochimiques", elles sont sécrétées par des glandes exocrines et agissent à
l'extérieur de l'individu, elles n'ont rien de commun avec les hormones qui provoquent des réactions par voie interne
et qui sont donc sécrérées par des glandes endocrines qui agissent à l'intérieur.
C'est une sorte de langage chimique qui supplée au manque de détection des sons, au peu de sensibilté au toucher
de même qu'à la déficience de la vue chez beaucoup d'insectes qui ne voient presque plus au delà de quelques
mètres.
Les substances sémiochimiques sont de trois types :
- Les allomones, destinées à une autre espèce mais favorables à l'espèce qui l'émet,
- Les Kairomones, destinées à une autre espèce mais favorable à l'espèce qui la reçoit.
- Les Phéromones, destinées à l'espèce qui l'émet.
Attention, l'une peut devenir l'autre. L'espèce qui émet ne sait pas toujours, par qui l'émission sera perçue, par
exemple, la substance émise, par la larve d'abeille qui doit être operculées est faite pour attirer les cirières qui vont
mettre en place l'opercule, c'est une phéromone, mais en même temps elle prévient les varroas de l'imminence de la
fermeture de la cellule, le moment propice pour ce parasite s'y glisser, pour le varroa c'est une kairomone, il y a donc
parfois dualité d'information, et une même substance, peut-être comme dans le cas énoncé, phéromone et
kairomone.
Les phéromones
Appelées successivement ectohormones et exohormones avant la guerre de 1940, puis parahormones (1952) le
terme de phéromone a été émis à plusieurs reprises et utilisé officiellement en 1960 par P. Karlson, il fut tiré du grec
pherein "porter, transporter".
Les phéromones sont un moyen d'information par des odeurs, ce sont des substances volatiles, produites et émises
par un ou plusieurs individus, qui induisent des réactions physiologiques chez un ou plusieurs autres les individus
mêmes s'il sont étrangers à l'espèce qui émet.
Les phéromones sont étudiées de façon systématique depuis plus de cinquante ans, la structure de leur molécule et
leur synthèse est devenue chose courante fin des années 60, pas seulement pour l'abeille mais surtout pour un
grand nombre d'insectes nuisibles aux cultures (du continent américain) dans le but de la lutte intégrée contre ces
parasites.
La lutte intégrée consiste à placer des boîtes contenant des phéromones sexuelles des insectes craints des
agriculteurs, les insectes entrants y sont piégés et comptés régulièrement (qq jours), si leur nombre atteint un seuil
dangereux pour les cultures elles seront protégées en répandant une longue trainée aérienne de la phéromone
sexuelle spécifique aux insectes prédateurs pour attirer les individus d'un sexe loin des autres du sexe opposé et
stopper la prolifération.
Il y a plusieurs types de phéromones, soit des phéromones :
- sexuelles
- d'agrégation
- d'alarme et d'attaque
- traçage de pistes (aériennes)
- de marquage (au sol )
- des études en cours en laissent prévoir d'autres.
Phéromones sexuelles
Sécrétée par les glandes mandibulaires, et présente dans la substance royale, le 9-céto-2-décènoïque joue un rôle
lors du vol nuptial de la reine pour attirer les faux-bourdons, mais il doit agir en concomitance avec un autre acide
réducteur le 9-hydroxy-2-décènoïque.
Les mâles produisent eux aussi une phéromone sexuelle aérienne qui attire les reines, en instance d'accouplement,
vers le lieu du rassemblement des mâles. Lorsqu'une reine vierge arrive près de l'endroit du rassemblement, ce sont
les phéromones de la reine qui déclenchent la course poursuite pour l'acte d'accouplement.
Phéromone d'agrégation
L'acide 9-céto-2-décènoïque a aussi un rôle important à jouer, assurer la cohésion de la colonie, elle commande en
même temps aux ouvrières de nourrir la reine, de la toiletter, de la lécher, la sustance royale léchée est ensuite
distribuée à toutes les ouvrières ce qui inhibe leurs ovaires. Des glandes épidermiques produisent du méthyl-4-
hydroxybenzoate qui parait être bénéfique pour la cohésion de la colonie.
La glande de Nasanoff est utile pour battre le rappel et faire rentrer l'essaim, peut-être aussi pour faire repérer la
ruche par la reine lors des vols de fécondation, elle dispense un mélange de géraniol, de citral, d'acide géranique et
nérolique.
Les glandes de Koschevnikof situées près de l'aiguillon de la reine participeraient aussi à la cohésion de la grappe
d'abeilles.
Phéromone d'alarme & d'attaque
La phéromone d'alarme, la 2-heptanone CH3 CO (CH2)4 CH3, sécrétée par des glandes mandibulaires des
ouvrières, met la colonie en alerte lorsqu'un intrus s'approche de la ruche, ou qu'une abeille est agressée. L'attaque
est possible si des gestes brusques sont exécutés à proximité.
Cette substance cétonique peut être confondue, par l'abeille, avec d'autres subtances cétoniques, comme l'acétone
de certains vernis à ongles ou la benzophénone utilisée comme fixateur de presque tout les parfums cosmétiques,
d'où les risques de piqûres des personnes qui utilisent des vernis à ongles (cétoniques), ou qui se parfument.
Les phéromones d'alarme, utilisées par les insectes sociaux, provoquent une réaction d'alerte immédiate dans la
colonie, mais de courte durée.
La phéromone d'attaque, l'acétate d'isoamyle (CH3)2 CH CH2 CH2 OCO CH3, substance volatile, est produite par
des cellules bordant la poche à venin, c'est pourquoi, si une abeille vous pique, ces glandes restant avec le dard et
mises à nu continuent à émettre le signal d'attaque, il vaut mieux s'écarter au plus vite des ruches, car vous êtes à
ce moment porteur du signal d'attaque, il y a aussi pour certaines personnes un risque de piqûre à cause de la
plupart des vernis à ongles car l'acétate d'isoamyle est le solvant le plus utilsé pour ces vernis.
Il faut tenir compte que la modification du comportement préparée par la phéromone peut être amplifiée par des
gestes brusques, des odeurs corporelles ou autres ou des sons à proximité de la ruche.
Récemment, on a trouvé une nouvelle phéromone, le 4-11-eicosène-1-ol , émise par l'appareil vulnérant et qui serait
aussi une phéromone d'alarme.
Phéromones de traçage de piste
La glande de Nasanoff, située sous la partie arrière du 6e tergite (l'avant dernier), émet simultanément plusieurs
constituants, le géraniol et le citral, plus les acides géranique et nérolique, ce mélange sert à marquer le chemin à
suivre vers une source de nourriture
l'abeille trace une piste aérienne, par les substances volatiles qu'elle émet, de la source de nourriture à la ruche, il
suffit aux butineuses par des vols en zig-zag de recouper la piste, la repérer et ainsi la remonter pour touver la
source. Il est parfois écrit que l'abeille s'en sert pour marquer l'endroit du butinage, mais la position de la glande ne
permet pas à l'abeille de marquer le sol.
Phéromone de marquage
A l'extrémité des pattes, existe la glande d'Arnhart qui permet également de marquer (au sol ) des pistes à l'entrée de
la ruche, la reine et les faux-bourdons possèdent aussi cette glande qui émet cette phéromone de marquage de
piste, elle est appelée Epagine ETA.
Les glandes mandibulaires des ouvrières sécrètent une phéromone voisine de celle de la reine l'acide 10 hydroxy-2-
décènoïque, mais si elles deviennent pondeuses leurs mandibules émettent la même phéromone que la reine, l'acide
9-céto-décènoïque.
La tête de l'abeille serait, d'après certains chercheurs, la source d'une trentaine de phéromones dont quelque-unes
seulement ont été isolées. Chez Apis Mellifica, on dénombre 11 glandes différentes (essentiellement disposées au
niveau de la tête et de l'abdomen), dont actuellement on ne connaît qu'une partie de la fonction.
L'éthyl oléate.
Cette phéromone régule le comportement de butinage des jeunes abeilles. Elle est émise par les butineuses et
inhibe l'évolution des jeunes abeilles en butineuses.
Donc :
1) En cas de grosse miellée (et beau temps) : les butineuses sont "au champ", et donc les jeunes abeilles restées à
la ruche ne sont pas exposées à l'éthyl oléate : elles évoluent plus vite en butineuses. Cela recoupe l'observation
faite qu'une ruche sait mobiliser ses forces pour profiter d'une bonne miellée.
2) En cas de mauvais temps : les butineuses sont confinées dans la ruche et diffusent de l'éthyl oléate aux jeunes
abeilles : celle-ci restent plus longtemps au stade nourrice. Cela doit participer au phénomène de l'essaimage (plus
de gelée présente dans la ruche). Cela recoupe l'observation faite que le mauvais temps accentue l'essaimage.
L'émission et la réception d'une phéromone peuvent passer par trois voies différentes:
_ la diffusion aérienne
_ la rémanance au sol
_ le contact entre individus
_ l'échange de nourriture.
Sans qu'il soit possible de dire avec certitude laquelle est effectivement employée.
Comment sont perçues les phéromones ?
Le sens olfactif de l'abeille se situe surtout au niveau des antennes qui portent de très nombreux organes sensoriels.
C'est surtout au niveau des 8 articles distaux sur les douze que comprend l'antenne, que l'on trouve les sensilles
olfactives. (distaux - distal, distale, : le plus distant de l'axe de l'individu, dans le cas présent, partie du flagelle la plus
écartée du scape)
Nous avons vu que les phéromones émises par la reine jouent un rôle important dans la cohésion de la ruche et
dans sa régulation. Il est clair que les phéromones royales ne sont pas les seules, que d'autres régissent aussi la vie
sociale de la colonie : il faudra encore beaucoup d'études de la part chercheurs pour connaître ce qui se passe dans
la ruche.
Rédaction : Bernard Leclercq
Source : Robert Devleminck